Vendredi 14 mai - 14 h 30 - Salle Malesherbes
La pièce est un assemblage de scènes issues de « Débrayages » de Rémi De Vos, de « Chroniques des jours entiers, des nuits entières » de Xavier Durringer et de textes de Lilian Lloyd. Quel cirque ! jette des ponts entre trois univers, trois écritures contemporaines avec leurs différences, le premier étant dur et cru, le second mettant en scène le ridicule de gens « débrayés » et le dernier, peut-être plus poétique et désespéré.
Adultes et grands adolescents – 1 h 15
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« On dirait qu’on serait au cirque »
Qu’on irait lire dans les pensées dans les têtes, venez ! ». Et nous voilà embarqués. Les 7 acteurs de la troupe Amathéa de Paris entrent sur la piste dessinée par une guirlande lumineuse. Six tabourets rouges, en forme de diabolo, disposés en demi-cercle. Une panthère, sous un portant plein de costumes, qui fait le guet en fond de scène. Hormis un téléphone orange, tout le reste est noir. Noir comme le texte, tissage de fragments de trois auteurs contemporains : « Débrayages » de Remi de Vos, « Chroniques des jours entiers, des nuits entières » de Xavier Durringer et d’écrits de Lilian Lloyd. Ce dernier assure la mise en scène et choisit le monde du cirque pour rassembler ces parcelles de vies humaines comme dans un puzzle ; leur point commun, son fil conducteur : « la contrariété ! ». Monsieur Loyal, Monsieur Muscle, le clown blanc, la « clownette », l’homme costumé au visage blanc et les deux femmes qui évoluent avec aisance d’un rôle à l’autre : « Sylvie qui a le type même d’une fille sans type », une DRH cavalière avec les candidats au poste de « lapin » dans un parc d’attraction, un cadre licencié en devenir, tous les malheureux, seuls ou en couple, et d’autres. Le relais subtil entre les personnages, les changements de scène peuvent désorienter le spectateur. L’équilibre est quelquefois difficile à trouver entre la parole et les nombreux numéros de cirque : jongleur, lanceur de couteaux, magicien, fil-de-ferriste, marionnettiste, même si « tout est possible au théâtre » d’après le metteur en scène. L’interprétation des acteurs est juste, en particulier pour la jeune « clownette » qui apporte sourire et fantaisie dans ce monde poétique de désespérés. Un regret : la multiplication des Cupidons qui diminue la force et la poésie de la scène de séduction. L’ensemble aurait gagné en énergie avec un rythme un peu plus soutenu. Au final, « c’est bien d’être heureux, mais putain que c’est difficile » nous délivre le clown blanc.
Monique Jay & Françoise Fleur